L'une
des premières fonctions des personnages-types1
de la littérature jeunesse est d'aider les jeunes élèves à
identifier plus facilement les protagonistes, à constituer un
univers de référence et un horizon d'attente. Ils ont souvent tous
les attributs du genre au point d'être souvent des stéréotypes.
Les plus classiques sont la fée, la princesse, le prince charmant du
côté des gentils, la sorcière, l'ogre, le géant du côtés des
méchants avec des comportements, des actions et des réactions
attendues.
Dans
les faits, les choses vont beaucoup plus loin.
Max Butlen 2écrit: "La fonction de ses personnages renvoie aux grandes catégorisations humaines et littéraires, éthiques et esthétiques: le beau, le bien, le vrai, le juste et ce faisant aux oppositions bons / méchants; familiers aimants / inconnus menaçants; protecteurs / prédateurs ; amis / traîtres. Lorsque ce sont des animaux qui sont mis en scène, les bêtes sont associées à des types de comportement ou de caractère: le renard est génériquement rusé, fourbe; le loup, méchant et bête; le lion, puissant et vaniteux; le singe, espiègle et rusé…"
Max Butlen 2écrit: "La fonction de ses personnages renvoie aux grandes catégorisations humaines et littéraires, éthiques et esthétiques: le beau, le bien, le vrai, le juste et ce faisant aux oppositions bons / méchants; familiers aimants / inconnus menaçants; protecteurs / prédateurs ; amis / traîtres. Lorsque ce sont des animaux qui sont mis en scène, les bêtes sont associées à des types de comportement ou de caractère: le renard est génériquement rusé, fourbe; le loup, méchant et bête; le lion, puissant et vaniteux; le singe, espiègle et rusé…"
Les
personnages archétypaux provoquent soit adhésion, soit rejet (qui a
envie de devenir un ogre ou une sorcière?) et contribuent à
structurer les jugements, les valeurs éthiques et esthétiques de
l'élève. Ils ont donc à la fois une fonction cognitive dans la
construction de valeurs sociales et une fonction d'aide à la
compréhension et d'accès à l'implicite. Construire un univers de
référence ou un horizon d'attente, c'est construire une
société-type aux modes de fonctionnement connus. Ce sont de
véritables schèmes de pensée, peut être même les premiers, qui
participent à la construction de son rapport aux autres et dans
celle de l'image de soi. Ils appartiennent pleinement au
développement de la culture de l'élève, y compris de la culture de
masse, tout aussi fondamentale et nécessaire pour évoluer
sereinement dans notre société.
Il
ne s'agit donc pas de se passer des archétypes et des stéréotypes,
"matières premières de l'école"3,
et au contraire de les construire, de les voir comme une étape
nécessaire, comme une image facilement identifiable par un groupe
social, efficaces didactiquement. Mais il faut toujours s'astreindre
à s'interroger sur les valeurs portées, les mesurer en tant que
professionnel, au regard de la loi. Ruth
Amossy et Anne Herschberg-Pierrot4,
spécialistes des stéréotypes et des clichés ont
écrit: "En
d'autres termes, il ne faut pas considérer les stéréotypes comme
corrects ou incorrects mais comme utiles ou nocifs".
En
bref, doit-on se passer des archétypes et des stéréotypes en
éducation quand ils ne sont pas porteur d'inégalités? La réponse
est clairement non. Doit-on les construire pour partager certaines
valeurs simples en mettant celles-ci en images pour qu'elles prennent
corps? Oui, et c'est la nature même de ce projet, introduire un
nouveau personnage archétypal dans l'univers des enfants, en usant
si nécessaire de stéréotypes, pour cibler un besoin bien précis
et construire les représentations mentales qui vont avec.
1On
rencontre aussi la formule "figures idéales-typiques".
L'avantage des deux dénominations est d'ôter le jugement de valeur
négatif associé à la notion de stéréotype.
2Spécialiste
de la littérature jeunesse, auteur, entre autres, de l'article "Que
faire des stéréotypes que la littérature adresse à la jeunesse?"
in Le Français aujourd'hui n°149
3En
référence à Jean Louis DUFAYS, Professeur de théorie littéraire
et didactique du français à l'université catholique de Louvain,
auteur de très nombreux textes sur les stéréotypes depuis 1994 et
son ouvrage "Stéréotype et lecture"
4Ruth
Amossy / anne HERSCHBRG-PIERROT Stéréotypes et clichés,
langue, discours, société
– Paris Nathan 1997
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