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lundi 4 février 2019

Le suspect idéal


stéréotype détéctive
Il semble  donc que l’on peut affirmer qu’un réseau littéraire sur la démarche d’enquête soit envisageable sans difficultés majeures pour des GS. Mais quel personnage de la littérature jeunesse choisir pour devenir l'image de référence du personnage de l’enquêteur?

Question d’autant plus cruciale dans la résolution de notre enquête que nous avions évoqué dans un article précédent, l’importance du « costume » pour créer connivence et se mettre à la place du personnage principal pour appréhender son raisonnement.

Voici donc nos trois suspects :




L’inspecteur Lapou,

le « Colombo » du potager

de Bénédicte Guettier


John Chatterton

d’Yvan Pommaux

Mister Bonflair

de Claire Clément




Avant d’étudier nos trois lascars, rappelons notre objectif : donner à voir ce que veut dire « mener l’enquête » .

Le graphisme simple et coloré de Bénédicte Guettier dans l’inspecteur Lapou est un piège dans lequel il ne faut pas tomber ! Il n’y a pas de réelles mises en situation de la démarche d’investigation – en tout cas pas de cohérence - et les éléments qui permettent de résoudre les enquêtes nécessitent déjà une bonne capacité de raisonnement pour éliminer certains suspects. Je pense à « l’Enterrement de la carotte » qui élude les trois lapins en quelques images… En effet, si le coupable avait été un lapin, la carotte n’aurait pas été enterrée mais mangée ! Cela suppose beaucoup d’implicite - ici la connaissance du classique rapport lapin/carottes - ce qui me semble difficile pour la tranche d’âge annoncée par l’éditeur, « à partir de 3 ans ». Du coup, l’inspecteur Lapou ne me paraît pas être le meilleur pour entrer dans la démarche mais il serait idiot de se passer de lui, d’autant plus qu’il existe déjà près d’une vingtaine d’ouvrages – dont certains avec plusieurs enquêtes. A garder pour plus tard dans le projet donc.

Deuxième candidat : mister Bonflair. Lui aussi compte plusieurs titres exploitables. Mais ici, la résolution de l’énigme passe par une participation active de l’enfant. Pour résoudre l'énigme, le lecteur est invité à jouer les Sherlock Holmes en culottes courtes, en décryptant avec une loupe les messages brouillés et en observant les différents indices donnés. Les réponses se trouvent sur la page suivante. L'exercice s'avère sympathique, ludique et parfaitement adapté à des lecteurs débutants. Là encore, nous sommes dans une application pratique, dans le « apprendre à faire ». Là aussi , à garder, mais pas comme personnage introductif. Dans la même série, on a aussi chez Bayard, l’inspecteur Raticho, très pratique pour évoquer le « premier degré » du quotidien de l’enquêteur. 

suspect alternatif

Dernier candidat : John Chatterton d’Yvan Pommaux. L’exploitation des trois albums de la série (John Chatterton détective, Lilas et Le grand sommeil) est souvent proposée en cycle 3. Il est clair que si l’on vise une compréhension pleine et fine, ce n’est pas un livre adapté aux GS. En même temps, le premier de la série est le plus à même de poser l’archétype du détective et le cheminement de l’enquête. On y trouve une situation problème initiale, une émission d’hypothèses, des indices de différentes natures, de bonnes et de mauvaises pistes, des retours en arrière, un personnage qui module au fur et à mesure son avis. Les illustrations permettent de plus de travailler le zoom sur chaque indice. L’observation de ce que fait John Chatterton dans les illustrations – questionner, écouter, noter – ouvre la voie aux actions attendues dans une enquête. La tâche peut être ardue et la compréhension des élèves sera fortement tributaire de la mise en forme proposée par l’enseignant. Bien sûr, on sera dans une lecture très « premier degré » de l’enquête. Il faut oublier les références au films noirs des années 50 et accepter que leur compréhension soit différente de la notre. D’ailleurs, cela peut-il en être vraiment autrement ?

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