Il
semble donc que l’on peut affirmer qu’un réseau littéraire sur la
démarche d’enquête soit envisageable sans difficultés majeures
pour des GS. Mais quel personnage de la littérature jeunesse choisir pour devenir l'image de référence du personnage de l’enquêteur?
Question d’autant plus cruciale dans la résolution de notre
enquête que nous avions évoqué dans un article précédent, l’importance du
« costume » pour créer connivence et se mettre à la
place du personnage principal pour appréhender son raisonnement.
Voici
donc nos trois suspects :
L’inspecteur
Lapou,
le
« Colombo » du potager
de
Bénédicte Guettier
|
John
Chatterton
d’Yvan
Pommaux
|
Mister
Bonflair
de
Claire Clément
|
Avant
d’étudier nos trois
lascars, rappelons
notre objectif : donner à voir ce que veut dire « mener
l’enquête » .
Le
graphisme simple et coloré de Bénédicte Guettier dans l’inspecteur
Lapou est un piège dans lequel il ne faut pas tomber ! Il n’y
a pas de réelles mises en situation de la démarche d’investigation
– en tout cas pas de
cohérence - et les éléments
qui permettent de résoudre les enquêtes nécessitent déjà une
bonne capacité de raisonnement pour éliminer certains suspects. Je
pense à « l’Enterrement
de la carotte » qui élude les trois lapins en quelques
images… En effet, si le coupable avait été un lapin, la carotte
n’aurait pas été enterrée mais mangée ! Cela suppose
beaucoup d’implicite - ici la connaissance du classique rapport
lapin/carottes - ce qui me semble difficile pour la tranche d’âge
annoncée par l’éditeur, « à partir de 3 ans ». Du
coup, l’inspecteur Lapou ne me paraît
pas être le meilleur pour entrer dans la démarche mais il serait
idiot de se passer de lui, d’autant plus qu’il existe déjà près
d’une vingtaine d’ouvrages – dont certains avec plusieurs
enquêtes. A garder pour
plus tard dans le projet donc.
Deuxième
candidat : mister Bonflair. Lui
aussi compte plusieurs titres exploitables. Mais ici, la résolution
de l’énigme passe par une participation active de l’enfant. Pour
résoudre l'énigme, le lecteur est invité à jouer les Sherlock
Holmes en culottes courtes, en décryptant avec une loupe les messages brouillés et en observant les différents indices
donnés. Les réponses se trouvent sur la page suivante. L'exercice
s'avère sympathique, ludique et parfaitement adapté à des lecteurs
débutants.
Là encore, nous sommes dans une application pratique, dans le
« apprendre à faire ». Là
aussi , à garder, mais pas comme personnage introductif. Dans
la même série, on a aussi chez Bayard, l’inspecteur Raticho, très
pratique pour évoquer le « premier degré » du quotidien
de l’enquêteur.
suspect alternatif
suspect alternatif
Dernier
candidat : John Chatterton d’Yvan Pommaux. L’exploitation
des trois albums de la série (John
Chatterton détective, Lilas et Le grand sommeil)
est souvent proposée
en cycle 3. Il est clair que si l’on vise une compréhension pleine
et fine, ce n’est pas un livre adapté aux GS. En
même temps, le premier de la série est le plus à même de poser
l’archétype du détective et le cheminement de l’enquête. On y
trouve une situation problème initiale, une émission d’hypothèses,
des indices de différentes natures, de bonnes et de mauvaises
pistes, des retours en arrière, un personnage qui module au fur et à
mesure son avis. Les illustrations permettent de plus de travailler
le zoom sur chaque indice. L’observation
de ce que fait John Chatterton dans les illustrations –
questionner, écouter, noter – ouvre la voie aux actions attendues
dans une enquête. La tâche peut être ardue et la compréhension
des élèves sera fortement tributaire de la mise en forme proposée
par l’enseignant. Bien sûr, on sera dans une lecture très
« premier degré » de l’enquête. Il faut oublier les
références au films noirs des années 50 et accepter que leur
compréhension soit différente de la notre. D’ailleurs, cela
peut-il en être vraiment autrement ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire