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mercredi 30 janvier 2019

" Des outils qui permettent, un tout petit peu, de penser l'impensable..."


Il n’y a pas qu’en mathématiques qu’il doit y avoir des ordres de priorités et là encore je suis intimement persuadée qu’une bonne part des incompréhensions – y compris dans les relations humaines, professionnelles et personnelles - est liée à la non formalisation de cet ordre des choses. L’objectif numéro un de ce projet n’est pas de travailler de façon explicite la compréhension fine des albums jeunesse utilisés. C’est l’objectif premier d’un autre projet, d’autres moments de la vie de la classe et beaucoup d’écrits nous permettent déjà d’appréhender cette approche (on peut évoquer les travaux de Maryse Bianco ou de Véronique Boiron).

On peut bien sûr espérer des dommages collatéraux, mais ici, il s’agit avant tout d’utiliser les albums pour se construire en tant qu’individus. Il s’agit à travers la littérature et le personnage de l’enquêteur d’apprendre à être, d’apprendre à faire, en donnant à voir des stratégies de raisonnement pour pouvoir les adopter. 



On rejoint l’utilisation psychologique des albums jeunesse proposait par Joëlle Turin dans « Ces livres qui font grandir les enfants » (Collection Passeurs d’histoires – Didier Jeunesse – 2012), les travaux sur la cognition de Fayol, Cèbe ou Goigoux, ou encore Elzbieta qui écrit, dans L'Enfance de l'art (Le Rouergue, 1997), que l'album donne aux enfants " des outils qui permettent, un tout petit peu, de penser l'impensable..." 

Le projet s’avère donc beaucoup plus large qu’un simple réseau littéraire. La littérature est ici avant tout, un moyen de donner à voir et à penser, d’exposer une démarche intellectuelle cruciale dans l’entrée dans la lecture et dans bien d’autres apprentissages. Il y a des choses qui se passent mais qu’on ne voit pas. Le détective illustre le fait qu’il se passe quelque chose dans la tête, permet de laisser les élèves un peu moins seuls quand je leur dis : « Personne ne peut apprendre à lire à ta place, ni maman, ni papa, ni ton copain, ni la maîtresse. C’est toi, rien que toi. ». Si l’on veut rendre l’élève pleinement acteur de ses apprentissages, il faut, par nos pratiques pédagogiques, l’aider à être cet apprenant et non un simple exécutant.

Notre capacité à décloisonner les domaines des programmes, à avoir une vision non linéaire mais plutôt stellaire des apprentissages est sans doute aussi l’un des enjeux de ce projet. Les savoirs qui permettent une entrée efficiente dans l’acte de lire se construisent dans tous les domaines , sciences, art, activités sportives, activités créatives...La lecture n’est pas qu’une question de livre ! L’utilisation de l’image de l’enquêteur, utilisable dans de nombreuses situations de classe, peut permettre de donner à voir aux élèves la cohérence de ce qui leur est proposé à l’école et donc d’y donner plus facilement du sens et d’être prêt à fournir les efforts nécessaires pour franchir le pas de l’entrée dans la lecture– on peut l’espérer tout du moins !


Pour revenir à cette idée d’une pensée stellaire, là encore la visualisation d’un tableau d’enquête où l’enquêteur affiche toutes les informations recueillies, de natures variées, les bouts de ficelle qui lient les différents éléments peuvent devenir l’image mentale de l’acte de construire sa pensée.

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