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jeudi 30 mai 2019

Piste 4: être vivant, être de papier


    Découvrir la notion de pensée en Grande Section

        « Ainsi, au XXe siècle, le personnage romanesque peut offrir une « psychologie des profondeurs » (Raimond) qui le rapproche davantage de la vie en offrant une représentation tourmentée, complexe et opaque de l’être. Les personnages proustien, gidien ou célinien rendent magnifiquement compte de cette complexité. Formellement, le monologue intérieur (ou le flux de conscience) qui supplante les formes du discours indirect et relègue au second plan le narrateur omniscient traduit la même plongée dans les méandres de la conscience. »

-" Tu es vraiment sûre que les programmes de Première peuvent nous aider à y voir plus clair? Franchement, Proust, Gide et Céline en maternelle?!?"


En mettant en image, la littérature permet d’accéder aux pensées cachées des personnages et donc de prendre conscience qu’il se passe quelque chose dans la tête, y compris la sienne (connaissance, intention, désir, sentiments, croyances…). Tout le travail sur le récit de rêve peut s’avérer être une bonne entrée dans la prise de conscience de la pensée, en tout cas peut servir de support langagier à celle-ci. De plus, cela permet d’évoquer avec les élèves de grands classiques de la littérature jeunesse, « Max et les maximonstres » ou le monde d’Anthony Browne pour ne citer qu’eux.


Evaluer où en est l’élève dans sa découverte de la pensée est difficile car celui-ci n’est pas en mesure de le verbaliser comme le rappelle très bien Janet Wilde Astington dans « Comment les enfants découvrent la pensée. La «  théorie de l’esprit » chez l’enfant ».1 . L’un des autres points essentiels de ce livre, est que la compréhension qu’autrui possède des états mentaux différents des siens est une étape à part entière.

Sans être cantonné dans le seul domaine de la littérature, sans cette conscience de la conscience on ne peut envisager aucun des réseaux sémantiques sur les valeurs, différence, solidarité, courage, amitié, amour, dispute, les plaisirs et les interdits, jalousie, quête d’identité, refus ou colère, partage, entraide….

Soyons vigilant cependant au niveau de maturité de chacun de nos élèves et n’oublions jamais l’impact psychique différent pour chacun. Toute personne lisant régulièrement pour des enfants a été surpris, au moins une fois, par une réaction émotionnelle intense difficile à gérer. Cette semaine, j’ai eu droit à un « j’ai peur des cerveaux » qui aurait très bien pu dégénérer en panique et qui s’est en tout cas avéré un obstacle à la compréhension. J’ai envisagé des explications : costumes et décorations d’Halloween, personnages méchants de dessin animé au cerveau visible…mais je me suis surtout souvenue que chaque information, chacune de nos phrases, chacun des apports littéraires jouent dans la construction identitaire de l’enfant. Que l’entrée soit métaphorique ou non, il se réorganise avec d’autres images, d’autres mots. Il « digère » des valeurs, des façons d’être par analogie, il s’aide des héros des histoires pour arriver à penser et à surmonter ce qui était pensé comme trop difficile ou trop dur émotionnellement.

1Retz – Coll. « Psychologie » - 1999

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