Utiliser
les stéréotypes, c'est aussi être pragmatique en allant à
l'essentiel. J.C. Anscombre définit le stéréotype comme un savoir minimal standard en raison du nombre fini de ses traits sélectionnés parmi les principaux du savoir utilisé ou disponible. Il s'agit "d'expliquer subjectivement ou arbitrairement la
complexité du réel."2
Les
contes font eux aussi appellent aux personnages-types comme si pour
parler de valeurs, de danger, le personnage-type permettait de
centrer le travail de compréhension sur la valeur à
transmettre.
De
plus, l'explosion des détournements complique la tâche des
enfants.
C'est
beaucoup plus difficile d'accéder à la compréhension et aux
modèles qu'au temps de Guignol, de la Comedia del'arte et de ses
personnages-types. Avec ses fables, La Fontaine s'adressait aux
adultes et non aux enfants, alors qu'aujourd'hui, les histoires
utilisant les animaux en personnages, avec le trait de caractère
implicitement associé, sont très largement destinées aux enfants.
On
peut envisager de transformer tout personnage en suspect d'enquête,
dans un premier temps en utilisant les différents archétypes puis
en travaillant à l'intérieur d'une seule et même figure-type.
Le jeu qui suit est un peu difficile mais il est intéressant sur le principe.
- Jeu autour de l'ogre Parcours lecture Acces textes
- Jeu autour de l'ogre Parcours lecture Acces Images
Il est possible d'en fabriquer avec les élèves sur d'autres personnages archétypaux, la sorcière par exemple. Il suffit de constituer un stock d'images et de faire faire la description en dictée à l'adulte par les élèves pour chaque image.
On
commencera alors la construction de chaque archétype par le
prototype, puis par le stéréotype pour aller vers la notion plus
abstraite de l'archétype et enfin vers un certain effacement.
Là
encore, la démarche didactique est facilement transférable à bon
nombre de parties du programme scolaire. Il ne s'agit jamais que
d'une construction progressive qui va du "donner à voir
simplement une notion" à une intégration proche de
l'effacement de la conscience d'avoir acquis un nouveau savoir. Cela
est d'autant plus facilité que l'ensemble a une certaine souplesse,
que la variation didactique est possible, que nous ne sommes pas dans
un protocole hyper-normé.
Pour
aller plus loin, on peut utiliser les travaux de Philippe Hamon3,
et proposer trois entrées par "référentiels", la
première par les archétypes (ogre, géant...), la deuxième
par la fonction (barbon, jeune fille romantique, aventurier
audacieux ou sans scrupule, le valet ingénieux, le justicier...), le
dernier par types de caractères (l'avare, le séducteur, le
fourbe, le misanthrope...). Que travaillons nous alors? La capacité
à répondre à des questions simples:
-
"Qui?" - en identifiant, en donnant un nom, en catégorisant
le personnage.
-"Comment?"
- par ses actions, en réfléchissant et en adoptant les actions
adéquates pour le valet ingénieux par exemple.
-
"Dans quel type de rapport aux autres?" - l'archétype ne
fonctionne jamais seul, il évolue dans un univers de référence,
d'où l'importance des systèmes de personnages.
Penser
en enquêteur, c'est aussi être capable de penser en éléments
disjoints simples et de construire et d'organiser sa réflexion
autour de questions simples. Pensez au Cluedo: Qui à tuer le docteur
Lenoir? Dans quelle pièce? Avec quelle arme?
2Thesaurus
Me SH
3Philippe
Hamon – Pour un statut sémioogique du personnage
– dans Roland Barthes et al. - Poètique du récit
– Paris Seuil – collection Points
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