Les deux font la paire

Là encore, on est dans le classique détournement de jeu de cartes entre le jeu du pouilleux, le Dobble et un jeu de familles. Il nécessite un important effort d'analyse pour trouver la pièce manquante avant de poser la question.

Chaque carte est présente deux fois dans le jeu et il s'agit de reconstituer une de ses paires en demandant correctement la carte nécessaire.

Tous les dessins sont identiques sauf à un détail près. Il y a à chaque fois un objet manquant. Il s’agit donc à la fois d’identifier l’objet manquant, comme dans un jeu de Kim, et de formuler une demande avec une phrase négative. Attention à bien vérifier qu’il y a les deux marques de la négation, « ne » et « pas ». Exemple de phrases attendues : « Je voudrais la carte où il n’y a pas les lunettes de soleil », « Est-ce que tu as la carte où il n’y a pas les jumelles ? ».

Jacques a dit bougon

Aujourd'hui, l'article sera court car il fait référence à un jeu connu de tous.

Là encore, faisons appel à du classique et transformons le un peu pour atteindre notre objectif pédagogique et sortir d’une simple activité ludique. 

Pour cela, on peut mettre en scène un Jacques a dit bougon qui ne dit (presque) que des phrases négatives.

Non, non et non!

L’une des difficultés récurrentes, quelque soit le niveau de scolarité, est la prise en compte d’une information contenant une négation. « Ne » et « pas » sont deux petits mots qu’il est facile de ne pas entendre dans une consigne. Faut-il encore qu’ils soient déjà là tous les deux !

Développer l’attention auditive de nos élèves autour de la présence ou non de ces deux mots est donc loin d’être une activité périphérique. On distinguera, là encore, la phase de compréhension et celle de production. Et avant de passer à la phrase négative interrogative, il semble nécessaire de consolider la phrase affirmative négative.

Le jeu que Bout de ficelle vous propose pour commencer, prendra donc comme nom "Fais pas ci, fais pas ça' car comment mener à bien une enquête sans savoir où on va et où on ne doit pas aller!

Les nouvelles aventures du chevalier Petipas

L’introduction de la nécessité d’une précision extrême dans les questions (et donc les réponses) pour trouver l’objet désigné peut se faire de manière humoristique à partir de l’album La licorne de Martine Bourre chez Pastel. 

• Couverture de l'album

Le manque de précision du roi fait ramener au chevalier Petitpas une aigrette blanche, une chèvre blanche, un rhinocéros à la place de la licorne demandée.

Imaginons maintenant que le roi confie à notre chevalier d'autres missions... Avec à chaque fois une information manquante. La résolution de l'énigme ne pourra se faire sans poser la bonne question en terme de précision. Il s'agit donc d'identifier l'élément manquant à la résolution du problème pour poser la question adéquate. Dans un premier temps, il pourra manquer un critère, puis deux, puis trois. L'objectif est de conduire les élèves à un raisonnement construit car trier, ranger, suppose de planifier.

"C'est vous sur la photo?"

SÉLECTIONNER

Encore des jeux et un album à plus ou moins détournés pour continuer à mener l'enquête en apprenant à:

• poser des questions pour organiser un tri efficace
• conserver des critères de tri
• décrire avec le plus de précision possible
• comprendre une description de plus en plus complexe (plusieurs critères, négation...)
• comprendre une description fine avec plusieurs critères
• adopter une même démarche sur un support différent.

"Qui est-ce?"

Un célèbre jeu pour apprendre à SÉLECTIONNER

• poser des questions pour organiser un tri efficace
• conserver des critères de tri
• décrire avec le plus de précision possible
• comprendre une description fine avec plusieurs critères
• enrichir la précision du vocabulaire
• manipuler pour comprendre les processus de tri et classement.

Là encore, partons d'un célèbre jeu du commerce: Qui est-ce?

Car rechercher / trouver la question qui va permettre de sélectionner le visage mystérieux, c'est organiser un tri efficace.

Détournement de "Devine-tête?"

L'objectif? Savoir formuler à l'oral une question.

Le support? Le célèbre jeu du commerce Devine-tête où il s'agit de poser le maximum de questions en un temps limité pour deviner l'illustration de la carte qui est sur votre tête: animal, fruit, objet! Oui, mais quoi?

• Jeu Devine-tête

"Et toi, tu veux t'battre?"

FORMULER

Des albums pour apprendre à:

• formuler des questions, qu'elles soient ouvertes ou fermées

• enrichir la variété des structures interrogatives

• prendre conscience de l'importance de l'intonation.

L'objectif?

Constituer un stock de phrases interrogatives.

"A l'heure du crime... où étiez vous?"

C’est quoi une question ? Un problème, une difficulté auquel on va tenter de répondre en formulant une demande afin d’obtenir une information ou de vérifier ses connaissances.

Travailler sur les questions, là encore à travers le personnage de l'enquêteur, est d'abord une manière de faire accepter aux élèves de ne pas tout savoir. Et c'est un apprentissage... parfois douloureux et long pour certains d'entre eux!

Montrer l'ignorance, l'accepter et essayer d'y remédier en développant une stratégie efficace pour la dépasser... tel est le programme de cette série d'articles sur la question. Attention, comme d'habitude, rien n'est anodin et la complexité du schéma de pensée mobilisé n'est pas forcément facile à matérialiser de façon intelligible pour des enfants de 5/6 ans. C'est là la question adressée à l'enseignant.

Car travailler autour des questions, c'est développer leur raisonnement et leur esprit critique.

Compréhensions en grande section

Il n’y a pas que l’élève qui doit être en mesure de se décentrer et d’adopter le point de vue d’autrui. L’enseignant aussi et il se voit alors dans l’obligation d’abandonner en partie une vision monolithique et unique de la compréhension. 

Evaluer finement la compréhension de textes « simples » montre combien certains élèves sont déjà loin des attendus de l’école. Choisir les textes proposés doit se faire au cas par cas, en fonction d’objectifs clairs et précis et en fonction de la classe.

Certains albums permettront de travailler une compréhension fine globale, d’autres, des points de détails. Alors ne nous privons ni des albums cartonnés comme les livres à toucher, ni de textes ardus par peur de l’incompréhension.

Le suspect idéal

Il semble  donc que l’on peut affirmer qu’un réseau littéraire sur la démarche d’enquête soit envisageable sans difficultés majeures pour des GS. Mais quel personnage de la littérature jeunesse choisir pour devenir l'image de référence du personnage de l’enquêteur?

Question d’autant plus cruciale dans la résolution de notre enquête que nous avions évoqué dans un article précédent, l’importance du « costume » pour créer connivence et se mettre à la place du personnage principal pour appréhender son raisonnement.

Voici donc nos trois suspects :

L’inspecteur Lapou, le « Colombo » du potager de Bénédicte Guettier portrait du suspect	John Chatterton d’Yvan Pommaux portrait du suspect	Mister Bonflair de Claire Clément Portrait du suspect

Des classiques de la littérature jeunesse qui se transforment en terrains d'enquête

Il est temps d'arriver aux albums à proposer aux élèves car puisque l’on parle d’enquête le choix du corpus s’étend considérablement. 

Voici quelques pistes possibles – mais comme dans toute enquête qui se respecte, il doit y en avoir des bonnes et des mauvaises et c’est l’expérimentation dans la classe qui le dira… et qui ouvrira sans doute d’autres voies.

Il s’agit de savoir changer de lunettes pour voir, à travers la littérature jeunesse, le monde avec les yeux de l’enquêteur, chaque album permettant de travailler une des caractéristiques du personnage.

Alors petit inventaire à la Prévert… pour une utilisation un peu détournée de quelques grands classiques de la littérature jeunesse.